Entre Peur et Amour
Entre Peur et Amour
Extrait du livre LA VOIX DES ANCIENS – Une mémoire réveillée
… Un Grand-père, son fils et son petit-fils contemplaient un matin de printemps, sur le flanc ensoleillé d’une colline, tout en se délectant de fruits qu’ils venaient de cueillir ensemble. La brise chantait aux feuilles des arbres centenaires, accompagnée du murmure d’un ruisseau chuchotant une mélodie douce à l’âme et au cœur. La Vie s’exprimait.
– « Grand-père, pourquoi les Hommes ont-ils peur ? Pourquoi se comportent-ils ainsi dans les relations ? »,
demanda le fils de l’homme à son Grand-père.
– « Tu sais, petit, nombreux sont ceux qui ont peur de nombreuses choses. Certains ont peur de la mort, d’autres ont peur de l’amour, d’aimer, ou d’être aimés. Il en est ainsi dans l’Humanité ».
– « Peur d’aimer et d’être aimés ? Peur de la mort ? Mais comment cela se peut-il, Grand-père ? J’aime aimer et être aimé des miens, et même des inconnus ! »,
s’exclama le petit garçon.
Le père prit la parole :
– « Tu sais, fils, derrière ces peurs, il y a de la souffrance, et donc la peur de la souffrance, et une cause à la souffrance. Les Hommes ne le voient pas toujours. Et c’est souvent cela qui anime les conflits. Quelquefois, certains préfèrent détruire, faire souffrir, et même abandonner, ou rejeter. Cela est dû aux peurs de souffrir, d’être eux-mêmes abandonnés, détruits ou rejetés ».
Le Grand-père rajouta :
– « Oui, fils, tu as raison. Et tu sais, petit, lorsque les gens ont mal, ils peuvent faire mal, ou même voir les mauvais côtés d’une relation, ou encore mettre en avant tous les défauts des autres. C’est une forme de prévention à la douleur. Ainsi, ils pensent que s’ils sont abandonnés, ils souffriront moins. Mais c’est une illusion, car en vérité, ils n’ont pas envie d’être abandonnés, et ils souffrent souvent ».
– « Mais Grand-père, bien que je comprenne tout cela, pourquoi se comportent-ils ainsi ? Ont-ils peur de ce qui est beau ? Est-ce qu’ils ne s’abandonnent pas eux-mêmes au final ?»
– « Ceux-là ont peur d’une chose, petit : ne pas être à la hauteur de l’amour. Cela est souvent dû à une enfance où l’amour n’a pas été manifesté aux toutes premières lueurs de la naissance, lorsque l’enfant ouvre les yeux sur ce Monde. Les premiers gestes et paroles d’accueil des parents sont primordiaux, et déterminent souvent tout le futur chemin de l’enfant, ainsi que ses liens aux autres.
En cela, comprends que si l’enfant est accueilli dans un espace où l’amour n’est pas manifesté dès les premiers instants, il pourrait avoir peur de l’amour, peur de ne pas le mériter ou de ne pas en être digne. Alors, certains le cherchent éternellement, et lorsqu’ils le trouvent dans un lien à l’autre, ils n’y croient pas, car ils pensent ne pas le mériter. Il y a une forme d’insatisfaction omniprésente. Alors, ils détruisent. Ils n’honorent ni n’accueillent la Vie telle qu’elle se présente à eux, sous LA FORME MANIFESTÉE DE L’AMOUR. Ceux-là souffrent beaucoup ».
Le père bienveillant regarda son fils, tout en approuvant le sage Grand-père d’un signe de hochement de tête, qui voulait en dire long.
– « Fils, regarde la louve. Si l’un de ses enfants se met à l’écart, elle va d’autant plus prendre soin de lui, tout en veillant avec amour sur la meute de louveteaux. Par cela, chacun grandit dans la même bienveillance. La mère se met au service de ses petits. C’est son instinct. Et elle le fait car elle n’a pas peur de donner. Regarde, Grand-père, il m’a tant donné et enseigné, que j’ai grandi avec cela en mon cœur et mon esprit. Et ainsi, j’ai pu t’offrir l’amour d’un père, sans peur ».
– « Père, Grand-père, je comprends toutes ces choses sur la peur. Je ressens intérieurement tout l’amour que vous avez su me transmettre et qui s’est infusé et propagé en moi. Certaines personnes sont donc animées par la peur de la mort, ou de l’amour. Tout cela n’est que souffrance. Je ressens une chose en cet instant :
Vivre avec la peur de l’amour, c’est mourir à la Vie.
Que peut-on faire alors ? Que peut-on dire à ces personnes pour les aider ? »
Le Grand-père, d’un ton compassionné et doux, répondit d’une voix calme et sereine :
– « Petit, tu sais, je vais vers la fin de cette vie-ci, et néanmoins, je n’ai peur d’aucune mort, car elle n’existe pas. Nous renaissons à d’autres endroits. Et jusqu’ici, j’ai vécu ma vie pleinement sans que la peur de la mort n’entre dans mon esprit et dans mon cœur. Lorsque la mort se présente à la porte de certains, la peur est tellement présente en leur cœur qu’ils prient pour vivre encore, et en souhaitant que l’amour se montre enfin. Pourtant, tant et tant de fois l’amour s’est manifesté à eux de différentes façons, et sous plusieurs formes.
À ces personnes, je dirais d’aimer, d’accueillir les gens qui les aiment, et l’amour qui leur est offert, de se sentir dignes de cet amour, car nous sommes ici-bas pour vivre l’amour.
Je leur dirais aussi d’aimer leur vie, et de ne pas se juger. De faire en sorte que toutes les choses qu’elles font soient en harmonie avec l’amour. Qu’elles puissent rendre toutes les choses belles, en les voyant belles et en rendant Grâce à chaque instant pour ce qui est offert, et à chaque personne qui offre, à chaque personne qui passe dans leur vie, à chaque ami, ou même à des étrangers.
Je leur dirais également de donner du respect à chaque personne, sans se placer au ni au-dessous, ni au-dessus d’elle ».
Le père, une main sur l’épaule de son fils, continua :
– « Vois ces fruits que nous avons partagés en cette matinée, cela est aussi l’AMOUR MANIFESTÉ EN TOUTE CHOSE. Alors, rends Grâce aussi pour ce qui t’est offert à chacun instant. Remercie ta Vie. Tu peux faire le choix de remercier, ou pas, mais cela est uniquement en toi-même, et non à l’extérieur de toi.
Et puis, sache que parfois, les êtres, par peur, se manipulent les uns les autres, et ce, de diverses manières. Parfois, par les sentiments, parfois par le sexe, par l’argent, par les biens matériels, et des tas d’autres choses. Alors, je dirais aussi à ceux-là qu’il est essentiel de n’abuser de personne, car celle ou celui qui abuse sera abusé(e) à son tour, et en deviendra fou, perdra son esprit, et ne verra plus l’amour en son temple intérieur, ni à l’extérieur lorsqu’il lui est offert ».
– « Grand-père, père, c’est un grand enseignement que vous venez de m’offrir, sur la peur de la mort et de l’amour. Cela s’inscrit en moi, telles les LOIS DE L’ÉTERNEL gravées dans la roche. Dès cet instant, je serai encore plus aimant, et aimable pour celles et ceux qui ont peur, sans les juger ni les condamner. Je comprends et ressens que tout cela est en moi, et que j’en suis le temple. Rien ni personne ne peut faire s’écrouler cet amour que je porte, ni ce TEMPLE que JE SUIS, sauf si je l’y autorise.
À chaque instant, je ferai de sorte que mon âme ne perde pas foi en la Vie, pour avoir un meilleur regard sur le Monde et pour voir le meilleur en chacun. Puisse mon cœur toujours aimer sans peur. Et même si la peur se présente à lui, j’aimerai cet espace de moi qui a peur ».
L’enfant grandit et devint homme. Il ne cessa d’être aimant et aimable, sans aucun but, ni destinataire précis. Celles et ceux qui croisaient sa route étaient imprégnés de son énergie, jusqu’au plus profond de leurs cellules. Cela réveillait en eux leur propre amour, résidant en leur temple depuis l’éternité. Ceux-là semèrent des graines à leur tour. Puis les graines donnèrent d’autres graines…
À chaque moment de la Vie,
à travers chaque épreuve,
nous mourons à nous-même,
pour renaître à nous-même.
extrait du livre « LA VOIX DES ANCIENS – Une mémoire réveillée » – Auteur Conrad
Aux éditions LE SOUFFLE DES MONDES ©
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